Samedi 29/07/2023 - 21H

GRUPO COMPAY SEGUNDO

INVITÉ: MAIKEL DINZA

Salvador Repilado Labrada (direction et contrebasse)
Rafael Inciarte Rodríguez (direction musicale et clarinette)
Noslen Chavez Borges (armónico et chœurs)
Hugo Garzón Bargalló (première voix et maracas)
Nilso Arias Fernández (deuxième voix et guitare)
Haskell Armenteros Pons (clarinette)
Rafael Inciarte Cordero (clarinette basse)
Rafael Fournier Navarro (percussions et chœurs)
Yoel Matos Rodriguez (guitare et chœurs)

Compay Segundo est indissociable de l’histoire de Cuba. A l’instar de ses voitures rutilantes et de ses cigares, l’artiste fait aujourd’hui partie du patrimoine ; tellement aimé par le peuple qu’il n’est pas rare de le voir encore fraichement graffé aux côtés des icônes de la révolution dans les rues de la Havane, de Santiago… En 80 ans de carrière, il va composer plus de 400 chansons à la gloire de son île dont certaines deviendront légendaires comme « Chan Chan », « Macusa » ou « La Flores De La Vida ». Compay était avant tout un troubadour qui contait les mots et les maux des Cubains.

Né en 1907 d’un père andalou et d’une mère afro-cubaine, Francisco Repilado, de son vrai nom, va composer à 15 ans sa première chanson « Yo Vengo Aquí » puis inventer à 17 ans, l’Armónico, une guitare hybride à sept cordes, mi-Très (guitare cubaine) mi-guitare espagnole. Son invention va originaliser les harmonies de l’ensemble de ses compositions. Elle fera des adeptes qui aujourd’hui perpétue la guitarra del compay.

En 1946, il intègre Los Compadres en duo avec son cousin, Lorenzo Hierrezuelos. Dès lors, on les surnomme affectueusement, Compay Primo pour Lorenzo et Compay Segundo pour Francisco. Par la suite, il conservera définitivement ce dernier pseudonyme. Après une apparition dans un film Cuba Canta y Baila (un signe !) et des concerts dans le célèbre club Buena Vista Social Club, les compagnons vont connaitre la reconnaissance nationale. Des problèmes de points de vue artistiques les obligent à se séparer en 1951.

La carrière musicale de Compay Segundo va alors connaitre des hauts et des bas au rythme des formations et des séparations. Avec la révolution Castriste, comme beaucoup de musiciens, il deviendra fonctionnaire à la manufacture des tabacs comme tabaquero, rouleur de cigares. Cet emploi stable va lui laisser du temps pour se produire sur scène et composer un nombre incalculable de mélodies et de textes. À « seulement » 70 ans, il prendra sa retraite pour se consacrer à 100% à la musique.

Il réunit un groupe de musiciens, et entre de nouveau au studio afin d’enregistrer un disque. Il retourne un temps à Santiago ou il crée le Cuarteto Daiquiri, et joue avec le fameux Cuarteto Patria.

Trois ans avant la vague du Buena Vista, il créera Compay Segundo y sus Muchachos, une nouvelle formation à la hauteur de ses ambitions ; jouer et conquérir le monde ! Il est à noter que certains de ses Muchachos sont toujours dans l’actuel Grupo. Il va enregistrer « Antología », un carnet de voyage et de vie qui compile trente-quatre de ses chansons historiques.

Ses albums Yo Vengo Aquí (1996) et Calle salud (1999) seront disque d’or. Compay est plus jeune que jamais et sa soif de jouer va l’emmener faire le tour de la planète.

En 1999 un film va changer son destin et celui de la musique Cubaine. “Buena Vista Social Club”, orchestré par Ry Cooder et réalisé par Wim Wenders, nous plonge dans les musiques traditionnelles et va révéler au monde entier des vies, extras et ordinaires, de gloires de la musique. Compay a alors 89 ans et Chan Chan est choisi comme chanson d’ouverture du film : le monde entier va découvrir un artiste, hors norme, incarnant l’élégance cubaine à merveille.

¡Música cubana, Panamá blanco, cigarro y su vida de aventuras!

La B.O du film va se vendre à plus de huit millions d’exemplaires et changera à jamais l’histoire de la musique Cubaine. Compay deviendra l’un des artistes les plus célèbres du son, un style de musique cubaine, prémisses de la salsa, apparu au début du XXème siècle dans la région de Santiago de Cuba, sa région natale.

Compay Segundo a alors 92 ans et rien n’a l’air de l’arrêter. Sa réputation fait le tour du monde, il est invité sur les scènes les plus prestigieuses et de nombreux artistes veulent être à ses côtés. Et tous tomberont sous son charme et sur son secret de jouvence, Rhum, Cigares et Petites Pépées !

Mais l’année 2003 sera tragique. Compay Segundo décèdera subitement, à l’âge de 95 ans, d’une insuffisance rénale, laissant derrière lui une vie peu ordinaire avec des centaines de chansons inscrites au grand répertoire de la musique Cubaine.

Après sa mort, sa famille de cœur et de sang, décidera de continuer ce que Compay a toujours souhaité – « Tocar Música tradicional Cubana ! »

Compay Segundo y sus Muchachos va devenir El Grupo Compay Segundo et ses infatigables compañeros vont parcourir le monde entier avec la volonté de raconter, par le prisme des chansons du maestro, « l’histoire de leur Compay ».

« Vivelo », leur nouvel album, sorti fin octobre 2022 et, pour la première fois dans l’histoire du Grupo, 8 titres originaux seront signés par Salvador Repilado, le fils de Compay, contrebassiste et directeur musical, et Maikel Dinza, artiste-producteur. Celui-ci est l’une des étoiles montantes cubaines aux nombreux prix musicaux dont le prestigieux premium Cubadisco (Victoire de la musique cubaine). Ce nouvel album marque aussi d’un tournant dans leur carrière car il est le plus personnel tout en gardant le savoir-faire de la musique de Compay. Les sentiments que le groupe porte à celui-ci sont inaliénables. Chaque album, comme chaque chanson interprétée sur scène, sont imaginés pour que ce lien dure à jamais. Il n’y a qu’à entendre celui qui a toujours chanté à ses côtés, Hugo Garzón Bargallo – « la musique traditionnelle que nous venons d’enregistrer est celle que nous avons toujours aimée, toujours vécue et toujours jouée au côté de Notre Compay »

Côté reprises, ce nouvel opus dévoile une version revisitée de San Luisera, que Compay chantait déjà dans les années 40 avec Los Compadres et une incroyable adaptation en espagnol des Mains d’Or du plus cubain des artistes français, Bernard Lavilliers. Salvador Repilado nous confiera lors de l’enregistrement des Manos d’Oro – « Cette chanson aurait pu être composée par un Cubain et elle est déjà un hymne que j’ai hâte de chanter à Cuba »

Même si ce nouvel album reste dans la tradition « Compayienne », l’arrivée de Maikel Dinza, comme compositeur, producteur et arrangeur, marque une ouverture vers les nouvelles générations.

Il n’y a qu’à entendre, Salvador, le directeur musical du Compay nous parler de cette nouvelle collaboration : « Son parcours correspondait totalement à l’axe artistique souhaité. Maikel a étudié dès son plus jeune âge la musique classique et les musiques traditionnelles et a collaboré avec les artistes des musiques actuelles Cubaines. C’est ce parcours multigenre que nous souhaitions pour ce nouvel album et son objectif crossover »

« Vivelo » s’enregistre au cœur de la Provence dans les studios Vega, réputés pour leur matériel vintage et la qualité de prise de sons. Keren Ann, Renaud, Cali, Jeanne Cherhal et Julien doré y ont tous enregistrés un album.

Le choix du studio entrait totalement dans la stratégie artistique de Maikel et Salvador – « nous voulions à la fois garder un son chaud des studios mythiques de la Havane, tout en nous projetant dans une inconnue artistique. Sortir délibérément de notre confort d’enregistrement était à la fois risqué mais tous étaient motivés à cette idée car nous voulions que ce nouvel album soit un tournant dans la carrière du Grupo »

Avec la même idée, ils vont inviter des artistes cubains de générations et de styles musicaux très différents. Créer l’osmose entre tradition du son et modernité de la musique actuelle cubaine, était essentiel. Cet album va donc accueillir la fine fleur de la musique cubaine.

La présence d’Issac Delgado a été un symbole fort souhaité par le groupe. Lui qui a été un ami de Compay, est invité comme chanteur lead sur Son Para Ti. Il est depuis plus de quatre décennies à la pointe de la musique populaire cubaine. Il a gagné de nombreux prix dont un Latin Grammy dans la catégorie Best Tropical Album.

Julio Padrón, trompettiste sur le titre No Puedo Recordar, a, entres autres, joué avec Chucho Valdes et Irakere. Il est aussi l’un des membres fondateurs des Afro Cuban All Stars. Infatigable voyageur, il n’est pas rare de le voir dans les clubs de jazz à New York, Paris ou Madrid.

Grâce sa direction artistique, Maikel Dinza, a su marier à merveille le Jazz de Julio avec « les chaloupés historiques » du Grupo.

Alexander Abreu est en duo avec Hugo Garzón Bargallo sur Gato Miau Miau. Acteur et chanteur cubain, il a tourné dans le film « 7 jours à la Havane » au côté d’Emir Kusturica en 2011. Il est aussi membre fondateur d’un des groupes cubains les plus populaires, Havana D’Primera.

A l’écoute, le choc des deux générations vocales est une réussite et l’écriture des arrangements enveloppe le tout à merveille. Un pari réussi pour El Vivo.

Rolando Luna au piano nous dévoile un incroyable prélude entre musique classique et jazz sur Que fue de nuestro amor. Il est considéré comme l’un des pianistes les plus en vogue de la nouvelle génération, et on le voit de temps en temps aux côtés d’Ibrahim Maalouf. Il se produit régulièrement avec son trio sur les scènes de grands festivals comme Marciac en 2021. Il est aussi membres fondateurs du collectif El Comité avec Harold Lopez-Nussa et Gaston Joya.

Sory Pérez chante en duo avec Hugo Garzón Bargallo sur No Puedo Recordar. Chanteuse et présentatrice à la télévision américaine, elle décide de s’installer à Miami après un début de carrière remarqué à La Havane. Aujourd’hui, elle se produit dans les Clubs et salles de spectacles renommés de Floride et partage régulièrement la scène avec Juanes ou Pablo Milanes. Elle est également coach vocal dans La Voz (The Voice USA).

Depuis le décès de Compay Segundo, cette famille de cœur et de sang arpente les quatre coins du monde. Chaque concert est une messe joyeuse où les musiques de Compay sont chantées et dansées par un public fidèle et de plus en plus nombreux.

Mais qui est exactement cette famille de cœur et de sang ?

A la contrebasse et à la direction musicale, son fils, Salvador Repilado Labrada. C’est à la demande de son père qu’il deviendra son contrebassiste et bien avant la reconnaissance du Buena Vista Social Club. Il sera d’ailleurs le représentant de Compay dans les toutes premières discussions et négociations avec les équipes du film et de l’album.

Hugo Garzon Bargallo, El Compay Primo, est la voix lead et un des plus vieux compagnons vivants de scène de Compay Secundo. Il a chanté pendant plus de de vingt ans avec son compay. Il en parle toujours avec beaucoup d’émotion. Il a été la voix du duo avec Charles Aznavour sur l’album « Duets » de Compay Segundo.

Raphael Fournier Navarro, aux percussions fait aussi partie del primero equipo. Il a été membre du groupe que Compay formera à sa retraite, Y sus Muchachos.

Rafael Inciarte Rodriguez et Haskell Armenteros Pons rejoindront Compay Segundo en 1998 aux postes de clarinettistes. Une originalité Compayienne puisque aucune formation traditionnelle n’a jamais intégré la clarinette. La clarinette était le premier instrument de Compay et il en jouait à merveille.

Et comme la famille reste un élément fondateur, Rafael Inciarte Cordero, le fils de Rafael Inciarte, va venir rejoindre le groupe en 2010 avec sa clarinette basse.

A la mort de Compay il fallait un spécialiste capable de dompter le jeu du maestro. En 2005 Felix Martinez dit chiquitico sera recruté pour intégrer El Grupo jusqu’à son décès en février 2019.

Alberto Rodriguez Pineda rejoindra alors le groupe. Depuis 17 ans, Nilso Arias Fernandez et Yoel Matos Rodriguez sont les guitaristes.

La saga Segundo est une nouvelle fois de retour avec tout le respect de celui qui a transformé à jamais la musique Cubaine.

Viva Compay y Viva la música cubana

Samedi 29/07/2023 - 23H

EL COMITÉ

Rolando Luna (piano, fender)
Gaston Joya (bassiste)
Rodney Barreto
(batterie)
Yaroldy Abreu  (percussions)
Carlos Sarduy  (trompette)
Irving Acao  (saxophone)

El Comité, viva el cuban groove !

Considéré comme un véritable all-star des musiciens cubains de leur génération, El Comité regroupe 6 véritables pépites.

A commencer par le pianiste Rolando Luna, vainqueur du concours de piano solo de Montreux mais surtout pianiste exceptionnel  dans son registre et ayant déjà une très solide carrière personnelle. 

La redoutable section rythmique composée de Gaston Joya à la basse/contrebasse et Rodney Barreto à la batterie, toujours fidèle à sa réputation, emporte le groove d’El Comité sur différents rivages avec justesse et talent. Yaroldy Abreu Robles, considéré comme un des grands talents internationaux des percussions de tout type, se positionne comme le troisième pilier incontournable de cette section rythmique démentielle.

Enfin la section des soufflants est du même acabit que leurs 5 compères. Carlos Sarduy Dimet qui, malgré son jeune âge a déjà accompagné les plus grands (Chucho Valdés, Los Van Van, Esperanza Spalding, Buika, Richard Bona, Ojos de Brujo …) et a joué sur les plus grandes scènes internationales. Son éclectisme, sa virtuosité et son inventivité vous emportent à chaque fois, toujours en maintenant ses racines cubaines. 

Et enfin, Irving Acao, sax tenor, alto et baryton, a aussi une très solide carrière derrière lui et le prouve à chacune de ses prestations en s’adaptant en permanence à des univers très différents.

Bien que chacun poursuive leur carrière solo et participe à différents projets, El Comité garde cette fraîcheur, inventivité et cohésion étonnantes à chacune de leur sortie.

Après un premier album intitulé “Y qué !? So What ?!”, qui a obtenu un véritable succès dès sa sortie en avril 2019, les concerts se sont enchaînés et ce redoutable collectif cubain a pu s’exprimer depuis, sur de nombreuses scènes françaises et européennes. Les publics de Jazz in Marciac, Cully Jazz, Jazz sous les Pommiers, Jazz à Sète, La Cité de la Musique, Jazz à La Villette, ainsi que bien d‘autres, ont pu apprécier la prestation live de ces sept samouraïs du jazz et du groove cubain.

 

Même si Cuba regorge d’une diversité musicale et rythmique impressionnante, les influences d’El Comité ne s’arrêtent pas à leur île natale, et s’inspirent aussi de diverses influences.

El Comité a rapidement obtenu un véritable succès aussi bien auprès du public que de la presse spécialisée. Les programmateurs ne s’y sont pas trompés et le succès est toujours au rendez-vous. Un album enregistré à la Havane au Teatro Marti sortira au mois de mai 2022.

Enfin, cerise sur le gâteau pour ces extraordinaires musiciens, l’édition 2022 de Cubadisco (équivalent cubain des Victoires de la Musique) a vu chacun des membres d’El Comité nominé dans diverses catégories et sur différents projets. 5 d’entre eux ont obtenu un 1er prix et le duo Rolando Luna / Gaston Joya a obtenu le très prisé Grand Prix d’Honneur pour leur album Fusion de Almas. Ne ratez pas les prochaines réunions d’El Comité !!